Publié par infernolaredaction le 17 décembre 2011 · Laisser un commentaire
“Le Voyageur et son ombre, aphorisme 125” est la nouvelle installation du sculpteur italien Ignazio Fresu, qui s’inspire directement du dialogue homonyme du philosophe Friedrich Nietzsche.
Chaque instant est nouveau, tout est fini dans une heure. Un promeneur solitaire, un libre penseur, un migrant, est habitué plus que d’autres spectateurs à l’alternance infinie de paysages différents, de costumes désormais devenus obsolètes, de certitudes inébranlables que le temps a remplacées avec une grimace de honte. Le voyageur de Nietzsche confie à son ombre que le devenir est un processus irréversible, beaucoup plus fort que les lois de la nature. “Dans une forêt, aux environs de Pise, je vis d’abord deux, puis cinq chameaux”, écrit Nietzsche dans le dialogue. La forêt citée est le parc de San Rossore, pas loin de l’endroit où travaille et expose aujourd’hui Fresu.
Le concept de l’impertinence et de la fugacité de toutes les choses, se reflète dans les dernières dix années du sculpteur italien, toutes imprégnées de grecicisme et de philosophie. Sa poétique est destinée à mettre un visage à la beauté de l’éphémère et à dépeindre la tromperie éternelle perpétrée par le temps. À cette fin, ses œuvres sans arrêt se moquent du spectateur, en trahissant la perception de la texture réelle des structures exposées. Un bloc de marbre sculpté par Fresu se laisse percer comme du beurre ; le polystyrène, le papier, le tissu, sous sa main, deviennent lourds comme le plomb. Donnant le sens de l’éphémère des choses le sculpteur italien utilise des matières recyclées pour ses créations, des déchets industriels, et les rebuts d’une société de consommation qui de plus en plus accèlére le processus de séparation entre ce que nous considérons en notre possession et ce qui tombe dans l’oubli de la désuétude.
Dans la dernière installation, des chaussures abandonnées, poussiéreuses, sont les protagonistes d’un regard d’intimité nostalgique. Si le choix de vêtements étendus sur un fil, ridés par le vent, suggère une certaine légèreté, le métal rouillé leur donne un sentiment d’une lourdeur froide et immobile. Une lourdeur, toutefois, trahie par le moindre souffle de vent, le vrai, qui révèle enfin sa vraie nature. “Le métal n’est pas métal – dit le sculpteur – mais souvent carton ou polystyrène déguisés en métal à travers un jeu d’usure et l’oxydation de la matière.”
L’auteur nous présente un tableau d’une vie quotidienne ombragée, morte, expulsée. L’holocauste éternel vécu par tous les migrants. Cependant, pour le voyageur de Nietzsche, l’ombre avait le goût de la rédemption, toujours présente et accessible, la seule compagnie pour un homme seul qui a sciemment tout perdu dans son itinéraire, et pourtant, n’a pas succombé à la tentation de s’arrêter.
Le sujet le plus crédible, pour un dialogue édifiant : selon le philosophe le voyageur et son ombre étaient ensemble. C’est le même dialogue qui se développe entre cette installation et le spectateur.
Si l’ombre de Nietzsche pouvait parler, avec Fresu elle y aurait réussi.
Si l’ombre de Nietzsche pouvait parler, avec Fresu elle y aurait réussi.
Daniele Ricci
En 2011, Ignace Fresu a exposé “Le Voyageur et son Ombre, aphorisme 125″ à Florence, Ancône et Rome.
Le sculpteur a également exposé à Tokyo, Miami, Berlin, San Francisco, à Bonn, et à Nairobi.
Le sculpteur a également exposé à Tokyo, Miami, Berlin, San Francisco, à Bonn, et à Nairobi.
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